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Les mascarades en Côte d’Ivoire : contexte



« C’est ainsi que la sculpture ivoirienne la plus traditionnelle est la plus contemporaine, parce qu’elle n’exprime rien d’autre que l’activité de la vie. Et parce qu’elle continue de concentrer dans un tourbillon de formes instables tout ce que la création panafricaine a su garder invisible. » 

Gérald 2003, 48

 

La Côte d’Ivoire est le cœur d’une grande diversité ethnique, culturelle et artistique. Parmi ses soixante groupes, une pluralité de langues, de cultes et d’œuvres se mêlent. L’art est ainsi le témoin des divergences entre les grandes zones culturelles du pays. Les différents groupes artistiques présents en Afrique sont davantage formés au gré des échanges qu’en fonction de la localisation géographique.


La sculpture ivoirienne est en mouvement, elle évolue au gré du temps tout en restant relativement fidèle à ses canons traditionnels. Ce qui reste s’appuie davantage sur des aspects de la cosmogonie et sur une vision du monde communément partagée. L’esthétique, quant à elle, évolue. En effet, l’outillage se perfectionne, la mondialisation permet les échanges et l’industrialisation, l’accès à de nouveaux matériaux. C’est ainsi que la sculpture évolue. Les créations peuvent aussi être le fruit d’inventivité et de souhait personnel, en variant styles et formes. Les sculpteurs peuvent avoir tendance à reproduire ce qu’ils voient ou à suivre des tendances éphémères. L’œuvre, elle, demeure immuable (Holas 1969, 27).

 

Les objets africains sont généralement associés à une fonction précise : étonner, effrayer ou encore guérir. Le sens imputé à l’œuvre est primordial. Initialement, l’anonymat est dû à l’analphabétisation de certains sculpteurs. Depuis quelques années, des travaux tentent de mettre en lumière ces artistes, leur personnalité, leur méthode de travail ainsi que leur position sociale (Hahner-Herzog, Kecskési, Vajda 1999, 16).

En Côte d’Ivoire, le sculpteur est connu et reconnu. Il fait évoluer ses créations au gré des influences et des échanges. Ainsi, il n’est pas rare d’observer des masques africains repeints avec des couleurs industrielles ou annexés de pièces en plastique ou en aluminium.  

L’artisanat est généralement l’activité principale du sculpteur. Il peut créer pour un usage courant ou rituel, à l’attention d’une cour ou encore d’une société initiatique. Lors d’une commande sont fournies des indications sur le type de masque souhaité et sur la future fonction à remplir. Le sculpteur doit alors visualiser l’objet avant de procéder à sa matérialisation. La création peut être elle-même associée à un rituel. En effet, le sculpteur doit se tenir dans un lieu sacré et respecter différentes règles afin d’assurer sa pureté (jeûne, abstinence sexuelle…).

(Hahner-Herzog, Kecskési, Vajda 1999, 17)

 

Stephan (1988, 35-37) explique l’anonymat des artistes africains par différentes raisons. Il peut s’agir d’une production collective, qui n’est donc pas imputée à un artiste en particulier mais à un groupe social. Ensuite, certains sculpteurs peuvent attribuer leurs œuvres au chef traditionnel du groupe ethnique ou du village. Enfin, l’anonymat peut s’expliquer par l’usage de l’objet. Une sculpture africaine destinée au rite ne se contente pas de représenter l’entité spirituelle, elle l’incarne. Il est donc inconcevable pour le sculpteur de s’attribuer le mérite de l’œuvre. Le masque ou la statue incarne le génie, le dieu, il ne peut pas être créé de la main d’un simple mortel. Les masques sont les yeux des divinités, les réceptacles des dieux.



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