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Cavalier Sao Kotoko





Cette figurine équestre doit être comprise de manière symbolique, rien n'y est réaliste.

Chez les Kotoko du Tchad, elle était destinée à un culte de possession. Selon Luc de Heusch, "la possession est un des modes d'approche du sacré par le moyen de techniques corporelles débouchant sur l'extase". Elle peut être interprétée comme l'irruption chez un homme ou une femme d'un esprit en quête de serviteur. Un prêtre ou devin devra intervenir pour aider la possédée à subir sans danger la présence quotidienne de cet esprit. Ces rites, en particulier le culte du Bori, se rencontrent chez les Kotoko, dans le vaste groupe des Haoussa, malgré leur appartenance théorique à l'Islam. Jacqueline Monfouga-Nicolas distingue la possession souhaitée de celle subie'. Dans ce dernier cas, l'adepte assumera ses fonctions de "jument". Cette parure rituelle peut donc se comprendre comme la représentation d'un génie chevauchant une jument qui symbolise la possédée. L'amulette créditée de vertus thérapeutiques était portée par la femme durant une crise de possession.

L'orfèvre a su rendre parfaitement le contraste entre le corps raide, droit sur sa selle et dominateur du cavalier génie tirant sur les rênes et la tête ployée de la jument obéissante et passive. Lui commande et elle subit. L'orfèvre a fait preuve d'une grande compétence - d'autant plus remarquable en regard de la petitesse de l'oeuvre (8 cm) - pour parvenir à exprimer visuellement une notion aussi abstraite que la possession.

Les Sao, au sud du lac Tchad, sont les ancêtres des Kotoko, dont l'art est fort prisé par les amateurs d'art africain. Ils se sont établis sur des collines, ce qui leur permettait de repousser les envahisseurs. Petit cavalier à la patine foncée laissant apparaître des traces cuivrées, coiffé d'un chèche, un bouclier dans la main droite, une lance dans la main gauche, il chevauche une monture parée de décorations tribales. Utilisé comme une amulette créditée de vertus apotropaïques, elle était portée durant les crises de possession. Les Sao étaient établis,entre le XIIe et le XIVe siècle,dans une zone géographique s'étendant sur les frontières entre le Tchad, le Cameroun et le Nigeria. La fonte à la cire perdue était déjà couramment pratiquée dès le XIIe siècle par cette ethnie africaine, qui produisait principalement, parmi les objets de prestige, des bijoux en alliage cuivreux. Les Kotoko attribuaient en outre au métal cuivreux une origine mythique lui conférant une valeur protectrice.


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Tags : #artafricain #cavaliersao #arttribal

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