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L’influence du christianisme dans la sculpture Kongo


Les effigies religieuses chez les Kongo

Dans l'art Kongo, on trouve des effigies religieuses ainsi que des symboles associés au christianisme. L'influence de cette religion monothéiste dans le royaume Kongo remonte à leurs premiers échanges avec les Portugais au 16ème siècle. À cette époque, le souverain Nzinga Nkuwu, qui était proche des Portugais, se convertit au christianisme. Après son baptême, il adopte le nom de Jean Roy de Congo. Cependant, sa conversion ne dure qu’un certain temps.


Figure 1 - Statue de vierge Kongo

Collection : Essentiel Galerie, ex-collection privée belge

Dimensions : 48 cm

Matériaux : bois

Numéro d’inventaire Essentiel Galerie : 19479


Saint Antoine de Padoue - Toni Malau

Les Kongo ont alors commencé à adopter le culte des saints, parmi lesquels Saint Antoine de Padoue est l'un des plus représentés. Considéré à la fois comme un saint militaire et un grand prédicateur, son rôle initial était de combattre les hérésies. Né à Lisbonne, au Portugal, en 1195, le franciscain Antoine a été canonisé un an après sa mort, en 1231, à Padoue, en Italie. Reconnu comme saint patron à la fois par le Portugal et l'Italie, son culte a été propagé dans le monde entier par les missionnaires religieux.

Peu après leur arrivée au Kongo en 1645, les pères capucins ont commencé à répandre le culte de Saint Antoine. Dans le royaume de Kongo, les représentations locales de Saint Antoine, basées sur des prototypes européens, sont devenues courantes vers le 18ème siècle. Cette pratique est très probablement liée à la popularité du saint dans le royaume, ainsi qu'au mouvement "antonien", de courte durée et associé à Kimpa Vita, également appelée Donna Béatris.

Kimpa Vita aspirait à restaurer la souveraineté du royaume Kongo après les crises survenues à la fin du 17ème siècle. Les partisans de ce mouvement ont adopté les représentations en métal, en ivoire et en bois de saint Antoine, portant avec eux des sculptures du saint qu'ils nommaient Toni Malau, en signe d'allégeance ou comme amulette protectrice.


Figure 2 - Saint Antoine (Toni Malau)

Collection : The Metropolitan Museum of Art, The Michael C. Rockefeller Wing

Dimensions : 11 cm

Matériaux : ivoire (incisive d'hippopotame)

Numéro d’inventaire MET : 1999.295.6


Le crucifix Kongo

Le Nkandi Kiditu est une croix fabriquée par les forgerons Kongo. Avant même l'influence du christianisme, la croix revêtait une grande importance pour les Kongo : elle symbolisait le lien entre le monde terrestre et céleste, ainsi que le trajet du soleil. Lors de décisions judiciaires, le crucifix était embrassé pour prêter serment. Il pouvait également être utilisé pour favoriser la fertilité ou faciliter l'accouchement. Une cérémonie d'investiture exigeait que le futur chef reçoive des mains d'un dignitaire, selon un rituel précis, un nkangi kiditu. En plus de ces divers usages, cet insigne pouvait avoir une fonction thérapeutique. Lors des cérémonies funéraires, l'objet était souvent soumis à des libations d'huile ou de vin de palme.

Sur les crucifix Kongo, on peut observer de petits personnages dressés de part et d'autre, et parfois l'inscription INRI. Dans certains cas, le personnage central présente une poitrine proéminente, symbolisant peut-être la puissance. Il est également envisagé que des figures féminines, des cheffesses, soient représentées sur ces crucifix.

 

Figure 3 - Crucifix Kongo